Tourné entre L'inspecteur ne renonce jamais (1976) et Doux, dur et dingue (1978), tous deux réalisés par James Fargo, L'épreuve de force est la sixième mise en scène du comédien. Ce film lui permet de démontrer qu'il n'aime rien moins que brouiller les pistes et ne pas emprunter la direction attendue. Ainsi de prime abord, The gauntlet ressemble à un banal policier. Cela pourrait être une nouvelle aventure du controversé inspecteur Harry. Mais il n'en est rien. Au contraire, Ben Shockley n'est qu'un pauvre flic de l'Arizona, poivrot de surcroit, auquel on confie une mission qu'il croit être une récompense mais qui en fait n'est qu'un piège ! Pour Clint, c'est un prétexte pour dynamiter sa figure de héros, ce qu'il fera de nouveau avec La corde raide (1984) et, dans une moindre mesure, avec La relève (1990). Finalement, le personnage fort de l'intrigue est davantage celui incarnée par la prostituée. A ce titre, les scènes de dialogue entre le comédien et celle qui partage alors son lit, sont excellentes de répartie. De même, si ses scènes d'action sont nombreuses, parfaitement soulignées par la musique jazzy de Jerry Fielding, le film prend avant tout la forme de road movie débouchant sur une rédemption, thème cher à Eastwood. Enfin, L'épreuve de force confirme, après Le canardeur, la tendresse que le réalisateur entretient pour l'Amérique des petites villes, celle que l'on nomme en France avec beaucoup de mépris, "profonde". Un grand polar donc. Ce n'est pas pour rien qu'Alain Corneau le tient pour une des réussites majeures de Clint Eastwood.
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